"Univers Boulangerie", y étiez-vous ?

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Une journée et demie pour faire une prospective rapide sur l’avenir de la boulangerie à 5 ans est un peu court. Toutefois, votre présence à ce rassemblement demeurait nécessaire. Un rendez-vous qu’il ne fallait pas manquer, tant votre esprit  pouvait capturer les mots et éléments pour faire « mouche », et sortir plus riche de 10 heures de travaux intenses. Voici les grandes lignes.

 

Univers BoulangerieLe Futuroscope de Poitiers était, vous n’en doutez pas, un lieu propice à l’événement. Faut-il encore regarder dans le bon sens et nous avons découvert des bonnes analyses afin d’éviter de se tromper. Le premier intervenant en la personne de Renaud Dédéyan (Directeur associé MICA Research, professeur à Paris Dauphine en master marketing et stratégie), nous dévoilait une étude réalisée auprès de 200 artisans boulangers, d’âges différents, de régions différentes et de structures différentes afin d’avoir une meilleure lisibilité des résultats. L’étude commandée par EKIP laissait apparaître une demande des professionnels en matière d’innovations sur certaines machines dont les sujets étaient liés à l’allégement du travail d’une part et la fonctionnalité des fournils et laboratoires avec des machines plus fonctionnelles et plus petites. Vous devriez découvrir certaines innovations sur le salon Europain 2012 suite à cette étude.

 

La seconde étude réalisée par Bruno Jeanbart (Directeur général adjoint OpinionWay, spécialiste des questions de consommateurs et des enjeux européens), nous montrait avec clarté combien nous avions une excellente image auprès du public, mais combien nous connaissions mieux notre métier que nous savions le vendre. Là, il est indiscutable que nous avons des progrès à faire et ces progrès sont demandés par les consommateurs eux-mêmes. L’étude montre que les métiers de  bouche renvoient à l’artisanat. Le fait de savoir si un boulanger est un « artisan boulanger » ou un « boulanger » ne se pose plus. Pour le consommateur, le boulanger est un artisan avant toute considération. L’étude ne montre aucun clivage générationnel, que la question soit posée à un jeune ou à un ancien. En terme d’image, la boulangerie arrive en seconde position juste derrière la restauration gastronomique, et bien avant la restauration traditionnelle. La dimension  «d’avenir» de notre métier serait de montrer les capacités qu’ont les boulangers à proposer d’autres produits, avec une explication.

 

L’étude montre que votre produit est bon, mais le consommateur ne dit pas que le produit vendu en grande distribution  est mauvais. Ceci est un signe qu’il faut analyser avec beaucoup de sérieux. La plupart des consommateurs vont dans la plupart des lieux de vente. Restez attentifs sur la qualité de vos matières premières, de vos produits finis et sur votre façon de les vendre. Auprès du consommateur, le métier de boulanger est perçu comme un métier rémunérateur et d’épanouissement personnel. Vous avez un beau métier.

 

Lundi 17 octobre : ouverture des travaux à 8 heures.

Sans aucun doute, le débat qu’il ne fallait pas rater, celui qui traitait de la chance. Hé oui ! Elle passe et il faut être là pour la saisir. Ce débat était animé par Philippe Gabillet (Docteur ès Sciences de gestion, professeur associé, Directeur  académique, Sciences sociales et politiques), véritable animateur et personnage captivant. Le consommateur croit plus à la boulangerie que le boulanger luimême. Avez-vous la chance de faire ce métier de boulanger pâtissier ? C’est curieux
mais l’étude montre cette perplexité. Il faut croire à notre métier. Ce n’est pas parce que c’est difficile que les choses ne se font pas, c’est parce qu’elles ne se font pas que c’est difficile. La chance dans la vie s’analyse selon 4 points. La «  rencontre », les « informations », les « territoires » et la « demande ». Quatre thèmes largement développés et souvent marqués par des anecdotes curieuses et révélatrices. Un pessimiste verra le verre moitié vide, un optimiste le verra moitié plein et un troisième vous dira qu’il est deux fois trop grand ??? Il est donc citoyen d’être optimiste. Les conseils seraient d’inviter les professionnels à prendre des risques sans demander qu’ils soient sans danger. L’intervention des invitées boulangères sur scène montrait que l’enthousiasme individuel nourrissait l’enthousiasme collectif. Il s’agissait là d’une véritable leçon de vie de Danièle et Huguette.

 

Le second débat de la matinée traitait « de la fourche à la  fourchette ». Débat animé par Pascale Briand (Directrice de la direction générale de l’alimentation, Docteur en médecine et en biochimie), sur les engagements suivis par un observatoire sur la qualité, la diversité et l’équilibre nutritionnel. Le PNA (Plan National  de l’Alimentation) traçait les missions de l’agriculteur jusqu’aux produits finis dans les assiettes. Les enjeux sont également d’ordre écologique et invitent les professionnels à ne pas confier les achats aux « moins disants » mais de prendre en compte la proximité. C’est peut-être plus cher à notre porte mais les coûts de transport sont une pollution environnementale considérable. La solidarité doit être attractive et l’homme est plutôt raisonnable. Enfin, nous allons tenter de le croire !

 

Troisième et dernier débat, sans doute le plus curieux. Non pas qu’il n’est pas été passionnant, mais n’était pas fait pour un public de chefs d’entreprises, de professionnels sans cesse à se réunir et s’interroger sur l’avenir et cherchant à le  bonifier. En effet, le sujet était « Les défis de l’individualisme contemporain », et nous avons entendu un expert en la personne de Gilles Lipovetsky (Professeur agrégé de philosophie, membre du conseil d’analyse de la société), qualifié sans aucun doute, mais dont ses certitudes et son poing serré ne laissait que peu de chance à une amélioration de la situation certes individualiste, mais intelligente, cultivée et pleine de bon sens… Nous croyons au bon sens. La Tribune des Métiers vous invite à participer au prochain rendez-vous. Vous ne pourrez pas sortir de ces journées indifférents.