Le STRUCTUREL et le CONJONCTUREL en boulangerie pâtisserie : l’urgence d’une refondation !

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Par Amandio PIMENTA, Serviteur de l’artisanat boulanger indépendant

Portrait Amandio PIMENTA
Amandio PIMENTA

Les difficultés à trouver du personnel qualifié ou à vendre son fonds de commerce en sont une illustration limpide. Nous tous, artisans boulangers-pâtissiers indépendants, partageons l’idée que nous avons besoin d’un vrai projet global et cohérent pour le maintien et l’avenir de notre secteur économique. Il est d’usage de donner le qualificatif de CONJONCTUREL à ce domaine de travail et de prospective. Tous ces sujets conjoncturels, ou contextuels du moment, abordés en temps et en heure doivent normalement permettre l’exercice du métier d’artisan boulanger-pâtissier au quotidien dans les meilleures conditions possibles.

Se côtoient pêle-mêle dans ce conjoncturel et contextuel des domaines comme l’apprentissage, la formation professionnelle, la mise en place de labels, de concours et de filières courtes l’environnement, le coût carbone, la loyauté de concurrence, l’aménagement du territoire, le social avec les conventions collectives, les salaires, une nouvelle approche du consommateur et bien d’autres domaines …

Sur le même plan, au même niveau d’importance, nous avons un autre domaine d’action pour servir notre métier, un domaine largement oublié par les artisans lui aussi depuis longtemps, c’est ce qu’il est d’usage d’appeler le STRUCTUREL.

Là nous avons les organisations professionnelle ou syndicats, les chambres des métiers, des groupements d’intérêts collectifs comme des groupements d’achats, des associations…

Si nous mettons de côté le cadre associatif qui va plutôt bien, tout le cadre STUCTUREL, à l’instar du CONJONCTUREL, est malade. Il ne répond plus ni aux besoins, ni aux attentes des entreprises et de notre artisanat en général en 2021.

Dans ce billet nous n’aborderons que cet aspect STRUCTUREL dans un premier temps, et laisserons le domaine CONJONCTUREL pour le prochain numéro de La Tribune des Métiers.

Sur ce premier volet, rentrons dans le vif du sujet en pleine actualité, puisque nous venons de vivre les élections aux Chambres des Métiers.

Les Chambres des Métiers, outils indispensables s’il en est, sont désaffectées pour diverses raisons par les artisans et notamment par manque d’information et de connaissances à propos de leurs rôles. Les artisans ne comprennent plus leur utilité pourtant si grande. Les actions collectives dans la Chambre des Métiers n’existent quasiment plus faute de projet et de participation. Ce qui fait dire à tort à beaucoup d’artisans et certains mauvais gouvernants que les CMA ne servent à rien. Pour preuve, en une décennie, nous sommes passés en gros de 20% de votants à moins de 10%, malgré l’augmentation importante du nombre d’entreprises et surtout de micro-entreprises, ce qui est un désaveu terrible des modes de fonctionnements et peut conduire à des conséquences désastreuses.

Un constat, quel qu’il soit, n’est constructif que si en face sont suggérées une offre ou des possibilités de solutions. Ceci afin de remonter la pente de l’efficacité dans l’intérêt général, pour nos entreprises, mais aussi pour le bien-être de notre société et de l’économie nationale.

Engageons le débat sur des évolutions modernes adaptées à notre temps, où tout se sait, se vit, se voit en temps réel. Et qui fait que les mauvais comportements en devenant visibles au grand jour détruisant la confiance en nos institutions. Cette situation est devenue intolérable pour nos chefs d’entreprises car ils payent les erreurs ou l’absence de vision et de projets au prix fort.

Quelques éléments ou suggestions partiels sur la table de la réflexion collective :

1 : Moderniser nos organisations professionnelles ou syndicats et les Chambres des Métiers par la mise en place d’une démocratie directe qui ne passe pas exclusivement par des jeux d’appareils et de faux pouvoirs qui sont dans l’entre-soi, dans le copinage permanent et la cooptation des copains des copains, cassant du coup l’ascenseur social au mérite et la confiance sociétale. Chaque artisan libre de ses idées doit pouvoir être candidat à des fonctions représentatives devant les siens en se présentant directement et non sur des listes bloquées. Il n’y a pas d’autre voie pour préserver le libre arbitre de chacun ou chacune en étant respectueux de l’autre, en ayant des débats d’idées productrices de richesse économique. Le bien-vivre ensemble de nos jours passe obligatoirement par cette prise en compte-là.

2 : Revoir notre mode organisationnel de représentation auprès de l’Etat qui, datant de la troisième république, n’est plus adapté en 2021, en créant par exemple une forme de holding du secteur des métiers tout en garantissant un service de proximité et de qualité aux entreprises. Créons une forme de grand parlement de l’artisanat à élection et démocratie directes. Dans ce parlement de l’artisanat se retrouverait à travailler ensemble en synergie, chacun ou chacune dans son rôle et dans un collège à caractère décisionnel les organisations professionnelles, les syndicats, les CMA, contribuant ainsi à unir les structures, les moyens financiers et les forces. Dans un autre collège, consultatif lui, pourquoi ne trouverait-on pas des représentants des comptables, des banques, des caisses sociales, des assurances, de Bercy, peut-être même des associations professionnelles ?  Ce collège au rôle consultatif aurait pour mission d’aider et d’éclairer les autres élus dans leur rôle décisionnel. Ainsi nous gagnerions tous en termes de résultats et d’efficacité avec des mesures d’impact des décisions en amont, avant leur application, ce qui garantirait le bien-fondé des décisions engagées. Attention, nous ne parlons pas d’un genre de mini-conseil économique et social fourre-tout, mais d’un réel poumon économique réactif en temps réel au service de nos TPE !

Le tout avec un réseau intranet très large, englobant tous les besoins modernes d’une structure innovante et performante dans un cadre démocratique renouvelé (exemple : une petite liste de services, un service des mise en relation régionale ou nationale, d’offre et de recherche d’emploi). A titre complémentaire, ce réseau intranet pourrait déboucher sur des applications internet sectorielles en fonction des besoins, comme par exemple des bourses d’échange de matériel, de services inter-entreprises, de besoins en conseils techniques ou pratiques, ou même de tutoriels de formation diverses et variées.

Nous terminerons ces propos par un acte de foi en l’avenir. Nous avons une jeune génération de boulangers-pâtissiers bourrés de talent, au service d’un métier que tous les Français adorent et plébiscitent.

Ensemble unissons-nous et levons-nous sans exclusive afin de constituer une force fédératrice à l’intérieur de tout l’espace de notre STRUCTUREL renouvelé en créant la représentativité du troisième millénaire. Engageons le destin de notre artisanat comme valeur économique et sociale d’avenir.

Amandio PIMENTA, Serviteur de l’artisanat boulanger indépendant