Notre pain fout le camp !!? Par Jean-François Astier, Sénèque Consulting

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Dans le « Que Choisir » d’octobre 2018, la sentence est tombée : « France, ton pain fout le camp ! ». « Le meilleur choix conventionnel » du test Que choisir est le pain de campagne bio de chez Biofournil, entreprise du Maine et Loire répertoriée en fabrication industrielle de pain et pâtisserie fraîche. Cependant, Éric Kayser prend la deuxième place. C’est donc possible ! Un artisan peut faire jeu égal avec l’industrie et la grande distribution (U) en troisième position. J’avoue que cela m’ennuie de devoir écrire qu’un artisan rivalise avec un industriel alors que j’aime dire que l’on a rarement vu l’artisanat copier l’industrie. En serions-nous réduits à cela ? Que nenni !

Bien-sûr que notre environnement change ! Nous observons l’arrivée de nouveaux acteurs, le vieillissement de certaines enseignes, la montée en gamme ou en qualité perçue des produits réalisés en grandes surfaces et par les industriels… Soit ! Mais ce n’est pas un hasard si nos filières traditionnelles attirent de plus en plus de post-bac et des personnes désireuses de changer d’orientations professionnelles. Celles-ci souhaitent faire du bon, de l’authentique, du traditionnel. Ces nouveaux arrivants qui passent de client à acteur de nos métiers, sont sources d’enrichissements, de visions complémentaires et de nouvelles dynamiques entrepreneuriales. La franchise est même une option possible, mais pas garantie, pour ceux qui viennent en investisseurs «sortir du cash » afin de booster leur Plan d’Epargne en Actions.

Artisans ! Rappelons-nous que nous sommes également des consommateurs. Aux détours de vacances nous consommons nous aussi, dans un restaurant, une boulangerie…

 

La boulangerie traditionnelle décline ? Vive la tradition boulangère !

Gardiens de l’innovation produit, du goût, d’une subtile alchimie des saveurs, du vrai, du bon… Plus que jamais nous sommes en phase avec les consommateurs qui s’impliquent de plus en plus ! Achetons local ! Valorisons notre savoir-faire avec les producteurs locaux qu’ils s’agissent de salaison, de maraîchers, de fromagers… Appelons à la convergence des luttes pour les saveurs et le bon goût. Osons même en être les chefs d’orchestre : des créateurs de valeurs. Nous sommes assurément bien plus légitimes que les industriels ou la grande distribution qui, à grand renfort de campagne publicitaire, se positionne en ardent défenseur du made in France et du local. La mécanisation de certaines de nos tâches, les innovations de nos partenaires en matériels et en ingrédients doivent nous permettre de nous recentrer sur cette mission de créateurs de goûts.

Posons dès à présent des composantes de notre avenir !

Le maréchal-ferrant du début du siècle dernier a su préserver son âme en évoluant vers le métier de garagiste aujourd’hui devenu concessionnaire et qui glissera, peut -être, demain comme gestionnaire de parc automobiles …

Et nous ? Va-t-il nous être possible de raisonner « entrepreneur », au-delà d’un magasin traditionnel ? Nous positionnerons nous sur différents circuits de distribution (point chaud, restauration rapide boulangère…) ? Devons-nous ouvrir des points de vente spécialisés, ultraspécialisés voire mono-produits ?