Prix du maître d’apprentissage 2017, trois vainqueurs dans notre filière

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Eric Lafont. Prix « Mobilité internationale »

Boulanger à Perpignan (Pyrénées-Orientales), Co-gérant de la boulangerie-pâtisserie « La Grigne ». Ancienneté dans la fonction de maître d’apprentissage : 20 ans. Nombre d’apprentis déjà formés : 50

Portrait d’un artisan passionné

Doué en arts culinaires et fin gourmet, Eric Lafont rejoint tardivement l’univers de la boulangerie-pâtisserie. Tenté tout d’abord par le métier de gendarme, il fait son service militaire mais renonce peu après son entrée à l’école. Il intègre ensuite l’administration d’État des Postes, Télégraphes et Téléphones (PTT) avant d’ouvrir un magasin de musique spécialisé dans le vinyle qu’il revend. À trente ans, Eric Lafont rejoint une coopérative agricole et renoue ainsi avec sa première passion, la boulangerie. Il suit une formation pour adulte et obtient en quatre mois son CAP boulanger. Diplômé, il décide de s’associer avec son frère, également boulanger de formation, pour monter une SARL familiale. Détenteur aujourd’hui du titre de maître artisan boulanger, il est également vice-président du syndicat de la boulangerie des Pyrénées-Orientales depuis quelques années.

Participation au Prix du maître d’apprentissage

L’apprentissage n’a pas de secret pour Eric Lafont qui exerce cette fonction depuis plus de vingt ans. C’est son engagement et le soutien de la chambre de métiers et de l’artisanat des Pyrénées-Orientales qui l’amène à participer au Prix du maître d’apprentissage dans la catégorie « Mobilité internationale ». L’entreprise, dont il est co-gérant, accueille des apprenties belges mais aussi des apprentis barcelonais tous les deux ans. Un échange culturel jugé incontournable pour ce maître d’apprentissage curieux. Autonomes, les jeunes qu’il reçoit découvrent un nouveau pays, de nouveaux produits et de nouvelles techniques. Ce dépaysement leur permet de se perfectionner et de transmettre à leur retour ce qu’ils ont appris. Forts de cette expérience, les apprentis développent également de meilleures capacités d’adaptation et une plus grande confiance en eux, deux atouts pour leur carrière.

Eric Lafont incite également ses apprentis français à voyager autant que possible pour transmettre leurs connaissances, contribuer au rayonnement de l’art culinaire français à l’international et découvrir d’autres traditions culinaires. L’échange est la clé pour innover, rester créatif et développer de nouvelles recettes.

Au-delà du Prix…

Pour Eric Lafont, recevoir le Prix régional puis national est une vraie fierté qu’il partage avec son équipe et ses apprentis. Cette reconnaissance vient renforcer ses convictions et l’encourage à continuer ses actions en faveur des échanges internationaux. Actuellement, cinq apprentis sont en formation dans l’entreprise : deux d’entre eux préparent un CAP boulanger, deux autres préparent un CAP pâtissier et le cinquième, âgé de trente-cinq ans, est en reconversion pour obtenir un Brevet de Maîtrise pâtissier. Eric Lafont accueillera en juillet un apprenti belge pour un stage de deux mois en pâtisserie.

Souvenirs d’apprentis…

« Cela fait plusieurs années de suite maintenant que nous accueillons dans notre boulangerie-pâtisserie des jeunes filles belges. C’est un échange toujours très enrichissant. Elles amènent de nouvelles recettes de pâtisseries et de plats. De mon coté, je leur fais découvrir LA spécialité locale : les rousquilles. Typique de la Catalogne, ce gâteau sec à base d’orange et de citron rencontre toujours un franc succès. Recevoir ces apprenties belges constitue un véritable atout pour la boulangerie et les jeunes. Du fait de leur cursus d’apprentissage différent du nôtre, elles sont adultes (entre vingt-quatre ans et vingt-cinq ans) quand elles arrivent à la boulangerie. Leur maturité nous permet de travailler différemment mais aussi de créer des liens forts professionnellement et amicalement » .

 

Frédéric Flu : Prix « Engagement du maître d’apprentissage »

Boulanger-Pâtissier à Saint-Cyr-sur-Loire (Indre-et-Loire). Gérant de la SARL « Les Gourmets de Saint-Cyr ». Ancienneté dans la fonction de maître d’apprentissage : 6 ans. Nombre d’apprentis déjà formés : 19

Portrait d’un artisan passionné

Frédéric Flu rejoint, après la classe de troisième, les Compagnons du Devoir et du Tour de France pour y apprendre le métier de boulanger-pâtissier. Après dix années de formation, il obtient son Brevet de Maîtrise boulanger-pâtissier et le titre de Compagnon boulanger du Devoir. Il intègre ensuite le Grand Moulin de Ballan-Miré où, il aura pour mission d’accompagner les artisans dans le lancement de leur entreprise. En tant que boulanger conseil, il supervise la première semaine d’installation de chaque nouveau client, afin de s’assurer de la bonne utilisation des farines du moulin. En 2011, il rachète l’une des entreprises dans laquelle il intervient. Six ans plus tard, à trente-neuf ans, Frédéric Flu a triplé son chiffre d’affaires et emploie cinq salariés de plus. À la recherche de nouveaux défis, il encourage ses jeunes à se surpasser en participant à des concours. Il a lui-même été Champion de France de boulangerie par équipe en 2003 et finaliste du concours des Meilleurs Ouvriers de France en 2007.

Participation au Prix du maître d’apprentissage

En plus de son poste de gérant, Frédéric Flu est très investi depuis trois ans dans le syndicat de la boulangerie d’Indre-et-Loire et travaille en étroite collaboration avec le Campus des Métiers de l’Artisanat, à Joué-lès-Tours, où il est formateur et membre du jury. De son apprentissage chez les Compagnons du Devoir et du Tour de France, il garde une vraie passion pour la formation. Soutenu par la chambre de métiers et de l’artisanat d’Indre-et-Loire, c’est donc tout naturellement qu’il s’inscrit pour participer au Prix du maître d’apprentissage dans la catégorie « Engagement du maître d’apprentissage ». Actuellement, l’entreprise accueille une dizaine d’apprentis en boulangerie, pâtisserie et restauration. Pédagogue et à l’écoute, Frédéric Flu leur montre que l’apprentissage est une chance et que le travail peut leur permettre de s’épanouir pleinement. On peut d’ailleurs voir dans sa boulangerie les diplômes des prix obtenus par ses jeunes, un par an minimum !

Au-delà du Prix…

Quand Frédéric Flu annonce qu’il est primé, ses apprentis ne sont pas surpris tant son engagement pour la formation est reconnu. Il dédie cette récompense à toute son équipe et notamment à sa femme Clarisse qui encadre les jeunes avec lui dans l’entreprise. La formation est dans son ADN : « Tous les ans, je fais venir, sur trois jours, des Meilleurs Ouvriers de France afin de me former aux dernières techniques. Les jeunes participent à ce moment d’échange privilégié. Cela leur montre que l’on se forme au métier tout au long de la vie ».

Souvenirs d’apprenti…

« En ce moment, j’accompagne plus particulièrement Antoine, un jeune que nous avons en apprentissage dans l’entreprise depuis quatre ans. Il a décroché sa place pour le concours national des Meilleurs Apprentis de France (MAF) boulanger. Compétiteur dans l’âme, à dix-huit ans, il est déjà très prometteur. Nous allons organiser son temps pour qu’il puisse s’entraîner en vue de la prochaine étape du concours. S’il décroche son titre de MAF, je serai un formateur comblé. C’est une reconnaissance de son travail mais également de la qualité de notre formation. Je suis toujours très fier des prix que reçoivent mes apprentis. On a gagné en 2017 le Prix de la brioche feuilletée d’Indre-et-Loire ! Peut-être aurons-nous bientôt un meilleur apprenti de France… » .

 

Priscilla Pruvost : Prix « Jeune maître d’apprentissage »

Boulangère à Montigny-lès-Metz (Moselle). Salariée de l’entreprise « La Grange aux Pains »

Ancienneté dans la fonction de maître d’apprentissage : 5 ans. Nombre d’apprentis déjà formés : 4

Portrait d’une artisane passionnée

Priscilla Pruvost découvre la boulangerie lors de son stage de troisième. Après quelques jours, elle a un véritable coup de cœur pour ce métier. Bonne élève, elle décide de passer un Bac de comptabilité-gestion avant d’intégrer l’Institut national de la boulangerie-pâtisserie de Rouen (pôle d’innovation pour l’artisanat et les petites entreprises). Elle suit une formation post Bac en un an afin d’obtenir son CAP boulanger et un BEP mention alimentation. Puis elle enchaîne la seconde année avec un CAP pâtissier et une mention complémentaire « pains spéciaux régionaux et pains aromatiques ». Après plusieurs expériences professionnelles dans des boulangeries de la région, en 2009 et âgée de vingt-cinq ans, elle intègre « La Grange aux Pains ». L’entreprise compte actuellement quatre apprentis, dont deux sous sa responsabilité. L’un d’entre eux s’est récemment qualifié pour la finale nationale des Meilleurs Apprentis de France, en octobre prochain.

Participation au Prix du maître d’apprentissage

Soutenue par la chambre de métiers et de l’artisanat de la Moselle et par ses collègues boulangers, Priscilla Pruvost décide de participer au Prix du maître d’apprentissage dans la catégorie « Jeune maître d’apprentissage » pour valoriser son engagement : elle commence à former ses premiers apprentis à vingt-cinq ans. En 2012, elle décide de suivre une formation au sein de la chambre de métiers et de l’artisanat pour apprendre à transmettre son métier. Elle n’hésite pas aujourd’hui à avoir recours aux croquis et aux mimes pour enseigner aux jeunes le bon geste, la bonne technique. Cependant, la fonction de maître d’apprentissage ne requiert pas que de la pratique : le partage d’expérience va bien souvent au-delà de la simple transmission de techniques, comme l’apprentissage du savoir-être, également au cœur du métier. Pédagogue et patiente, à trente ans, Priscilla Pruvost se positionne ainsi avec ses jeunes comme une « marraine », chargée de les accompagner dans leur évolution professionnelle et personnelle.

Au-delà du Prix…

Quand Priscilla apprend qu’elle est lauréate nationale de la catégorie « Jeune maître d’apprentissage », c’est un grand moment de bonheur et d’euphorie. Cette reconnaissance vient récompenser son engagement croissant pour la formation et renforce ses convictions : « l’apprentissage c’est la relève, c’est très important pour moi ». Dynamique et déterminée, elle s’est lancée, en parallèle de ses missions, le défi de devenir la première femme boulangère MOF (Meilleur Ouvrier de France). La première étape du concours est prévue en septembre à Paris, un mois avant le concours des MAF de son apprenti.

Souvenirs d’apprenti…

« Je me souviens très bien de Jean-Christophe, mon premier apprenti. Il est resté dans notre entreprise pendant quatre ans. Il a obtenu son Brevet Professionnel de boulanger et travaille aujourd’hui en CDI chez un collègue : je suis très fière de sa réussite. Le voir s’épanouir dans son métier est une vraie fierté pour moi. Je peux considérer que j’ai rempli mon devoir de maître d’apprentissage en l’accompagnant sur les différentes étapes de sa formation, tant sur le plan professionnel que personnel ».